Chroniques

Prémices : Les terres d’Obéon

Obéon … Le nouveau continent semble être un pays vaste, riche en ressources et encore aux terres non réclamée. Une aubaine … Mais que le voyageur égaré ne s’y méprenne : ses contrées sont sauvages et redoutables. Dans les forêts verdoyantes fleurissent d’étranges créatures sylvestres tandis que les plaines du centre sont parcourues par les hommes-bêtes. Ces chasseurs intrépides traquent en harde les plus grands prédateurs. Même les eaux peu profondes cachent d’innombrables menaces.

Peu importe les raisons qui vous ont amenées ici et fait quitter votre terre natale, Frayir. Une fois le pied posé sur cette terre lointaine, que vous soyez Nains, Humains, Elfes, Peaux-Vertes ou membres du Petit Peuple, vous tirez un trait sur le passé. Le rêve d’un possible renouveau anime vos âmes courageuses, prêtes à coloniser cette terre promise.

Après une longue traversée en navire de Frayir, votre continent d’origine, à la vue des côtes vous approchez de Port-Argent. Une port-fortifié elfe, le seul endroit où la civilisation survit sur ce continent.

La garnison d’élite et les fortifications les plus avancées ont survécu à toutes les épreuves que ce continent sauvage a eut à offrir. Il s’agit de l’unique bastion à faire face à la faune ainsi qu’aux locaux hostiles. Jusqu’à récemment …

La châtellerie de Bélème a relevé les défis du continent et s’est installé au pied d’un monolithe ancien qui semble tenir à distance les créatures les plus redoutables. Elle était financée par la famille Nomond, une dynastie humaine mineure en quête de fortune qui acceptait volontiers l’arrivée de nouveaux colons, partenaires commerciaux et aventuriers. Les campements de toutes factions et peuples confondus pouvaient y résider tant que l’impôt était payé à Port-Argent afin de garantir le commerce entre l’avant-poste et la cité. Le chatelain Gualter demandait également de l’aide pour qu’un rituel mystérieux soit accompli pour que le monolithe puisse continuer de tenir les pires monstruosités en dehors de la châtellerie.
Cepandant, les ambitions, les vieilles rancunes, les désirs de conquêtes et les opportunités de découvertes ainsi que les dangers ont rapidement fait voler ce rêve de grandeur en éclat …

Opus 1 : Le déluge (An 152)

« L’accueil des divers groupes et factions dans notre noble châtellerie a été semé d’embûches, en raison des conflits de cultures, de traditions et d’origines si diverses. Le noble châtelain de Bélême, Gualter Nomond, a rendu visite aux groupes dès les premières heures de leurs arrivées sur les terres, afin d’affirmer sa position de seigneur honoré en ces terres. Mais dès le soir, des combats avaient déjà éclaté, entre autre avec les tribus des steppes.

Par la suite, les redoutables créatures de la forêt de la province, de terribles hommes bêtes, se sont dressées pour affronter les nouveaux venus. Certains blessés graves ont pu être secourus grâce à l’hospitalité de l’Eglise du Céleste.

Pour oublier cette effusion de sang du premier soir un tournoi d’objets enchantés qui se battent entre eux appelés mimiques s’est improvisé dès la première nuit. La Chêze du châtelain demeure et demeurera le champion invaincu… Oui , une chaise… L’événement a attiré tant de spectateurs que désormais, un tournoi sera organisé chaque année.

Le lendemain matin, plusieurs groupes furent productifs. Un groupe de héros de Haut Rempart est parvenu à vaincre divers groupes de la tribu hommes bêtes autochtone du Ka Lûa Ikungar, ramenant une tête empalée à l’entrée de la ville comme avertissement sanglant pour les sauvages des bois qui nous ont attaqués la première nuit. Les prêtres de Lekki se sont largement investis dans les champs et ont obtenu le droit de construire des ruches pour les abeilles, ou « mouches à miel », comme le disent les sudistes de Vif-Azur. Les nains de Baraz-Dum ont également collaboré avec le clan des Streguror dans la mine pour la renforcer et la sécuriser selon leurs traditions ancestrales, sans oublier les quelques nobles gens des blasons venus renforcer diplomatiquement les liens entre les différentes factions. Les Skogarmaors, eux, ont chassé de petites bêtes terrifiantes. Plus tard dans la soirée, nous avons même eu le privilège de goûter à ce magnifique et délicieux lait dont les gardiens, le clan des griffes et de crocs, gardent jalousement le secret.

Mais d’autres groupes arrivistes avaient semblablement des intentions plus funestes. Un garde a été agressé et poignardé à son poste. Plusieurs hérésies ont été commises dans la ville en plus de l’irrespect manifesté à l’égard de la respectable ambassadrice de Port Argent, Elänälue Telesillä Aspäniel, par la compagnie de Karpfenburg. Leur audace et leur mépris étaient tels que j’en aurais presque défailli. On raconte que l’origine de l’exaction viendrait du mutant à pince de crustacé proche des groupes du soleils noirs et de la Kabbale, toléré par la générosité de la garde : le dénommé L’Affreux. Ces rumeurs, insultes et hérésies ont conduit à l’exécution justifiée et à la flagellation des criminels jugés responsables !

Vers la soirée, le Ka Lûa Ikungar, le clan d’hommes bêtes, est sorti des bois en chantant et hurlant leurs prières païennes et haineuses, mais à la surprise générale, suivi par différents groupes opportunistes y voyant un moyen de piller, tuer et semer le désordre, comme lors de l’âge du fléau … Je me rappellerai toujours de leurs bannières… Des orcs du soleil noir, les lanciers hérétiques de Karpenburg, des monstres faits de bois et d’écorces venant de la racine mère et de la mangrove, des humains sans honneur portant fourrures et haches des Skogarmaor, les hommes-bêtes des griffes et des crocs, en qui nous avions confiance,… ont déferlé sur la chatellerie… Pour soit disant nous rendre libre. Ce fut un carnage …

Seuls quelques braves sont restés loyaux à la chatellerie, parmis eux figurait le groupe de Haut-Rempart hormis Karpfenburg. Les épées et boucliers levés haut, tenant la ligne malgré leur sous-nombre face aux charges puissantes de l’ennemi et à ses monstres. Des païens, des apostats, des créatures des bois et des bêtes. Voilà comment ils ont remercié notre noble châtelain de son hospitalité : par un coup de poignard dans le dos.

La ville a été pillée et à moitié détruite. Des paysans ont été dévorés dans la rue. L’académie locale de la tour de Narbogne a été vidée de ses biens. La mine a été close par une porte runique posée par Baraz-Dum. Notre noble châtelain Gualter… Humilié et enchaîné, lui, est resté digne.

Les masques tombèrent ensuite après la bataille, le traître Gernot Strenger, l’instigateur de cette rébellion, s’est empressé de rire du cadavre de l’ambassadrice elfe et de cracher sur Caer Khol et notre culte.

Comme solution, beaucoup ont fui la ville, les larmes aux yeux et le cœur serré, accompagnés par certains loyalistes.

Viendra le jour d’après le déluge, une tempête dévastatrice frappa la ville, comme si le Céleste nous envoyait un signal annonciateur, de sa justice divine et tous durent se mettre à l’abris. Je le dis et je ne le redirai jamais assez. Ne tendez jamais la main à quelqu’un qui ne prie pas le céleste, car la trahison sera la seule récompense à votre bonté. »





Auteur anonyme, pèlerin du Céleste

Mise en situation : opus 2 (AN 153)

Soif de pouvoir et soif de sang, ces deux gants saillent aux mains des belligérants. Le nouveau châtelain de Bélême et autoproclamé libérateur, Guernot, termina son banquet de victoire sur la prise de la châtellerie avec un goût de liberté amer. Pour cause, après avoir fait irruption pendant les festivités, un casus belli venant de la part du légat de la légion auxiliaire de Caer Khol lui a été imposé. D’une part pour lui montrer le niveau de son affront envers le roi elfe Feldar et d’autre part pour laver les affronts que ses nouveaux gens ont faits envers le culte du Céleste. C’est ainsi que des règles d’engagement furent dictées avec l’aval de toutes les factions présentes ; en ce jour naquirent les braises du conflit en Obéon.

Peu après le banquet, les factions, renforcées par l’affaiblissement de la châtellerie et par les appels du pied des deux belligérants, se sont vues offrir des terres et se sont donc installées de toute part dans la province. Chaque faction, malgré la difficulté de leur situation, s’est armée de pelles et de pioches. Ils ont posé chacun de leur côté, sur cette terre étrangère et inhospitalière, les premières pierres de leurs civilisations. 

Se regardant chacune en chiens de faïence, ils savaient que le jour arriverait où le fracas de l’acier allait remplacer les faux sourires et les courbettes. Chacun, dans son for intérieur, se répétait que ce serait à eux de dicter leurs propres conduites, que ce seraient eux les maîtres de ce continent. Mais après tout, pouvons-nous leur donner tort ? Ceux qui ne combattaient pas assez pour leur survie finiraient comme la nouvelle-vry, faibles, anéantis et écrasés. La loi du plus fort n’épargne personne en Obéon, et ne laisse pas de pitié aux traînards. Ils se tournèrent alors vers la seule chose qui pouvait bâtir efficacement leur hégémonie en cet instant fatidique : l’arrivée de nouveaux colons au sein de leur patrie. 

Depuis Port-Argent, le seul bastion elfique de Caer Khol et seul point de passage viable en Obéon, la vague migratoire, bien que réduite par les conflits en cours, continue de déverser un flot incessant de colons. Ces nouveaux arrivants intéressent aussi tout particulièrement Caer Khol, qui en profite pour enrôler les plus volontaires dans la légion auxiliaire. Pour éviter ce désagrément, certains n’hésitent pas à passer par des réseaux peu scrupuleux, qui se sont renforcés depuis la prise de la châtellerie.

Arrivés à Bélême, ces gens se retrouvent alpagués par les recruteurs et les concessionnaires des diverses factions, luttant pour attirer le plus de démographie au sein de leur faction. Une situation qui commence à tendre Guernot, voyant le contrecoup de sa décision face à cette redistribution de population massive. La construction de leurs nations était une machine gourmande et avare en ressources. Ils commencèrent à exploiter les terres environnantes et à attirer l’attention de leurs propriétaires.

Ni une, ni deux, les hommes-bêtes désorganisés mais nombreux, rusés et impitoyables, lancèrent des raids aux caravanes et aux nations récemment établies. Ils frappèrent avec une férocité calculée, disparaissant dans les ombres de la forêt et des collines avant de réapparaître ailleurs, jouant avec les nerfs et le mental de leurs victimes. La peur et la vigilance constante devinrent les compagnons des colons, chaque craquement de branche pouvant annoncer une attaque, chaque bruissement dans les feuillages évoquant un murmure. Les enlèvements et les cris venant de la forêt sont maintenant une chanson macabre qui vient parfois remplacer le chant du coq au petit matin…

Quant à ceux qui se sont installés près des montagnes comme le Maelstrom et qui se pensaient à l’abri, eux, souffrent de vols et pillages constants de nourriture ainsi que de vols de nourrissons. Le problème est que cette menace, contrairement aux hommes-bêtes, se déplace en creusant des galeries, et agit de préférence à l’abri des regards, ne laissant que des traces de pattes griffues au sol. On raconte que les mères éplorées se retrouvent les bras ballants face à des berceaux écarlates ou quand ce ne sont pas certaines parties du corps de leur progéniture qui manquent, c’est le corps entier.

C’est dans cette ambiance délétère que tous se préparent aux affrontements qui vont suivre, Bélême sera tel un gigot qu’on aurait lancé à une meute de loups affamés, et à moins d’un miracle chaque faction va se repaître de sa chair encore une fois. Car malgré la tour de Narbogne en ruine et les ateliers saccagés, les maladies qui courre depuis l’année dernière, il est sot de ne pas penser que Bélême n’intéresse pas les nouveaux seigneurs des territoires alentours, de part sa richesse, sa position et la facilité à commercer et à régler ses comptes.

Guernot le renégat contre le légat elfe. Tout cela promet une belle réjouissance. Le cinquième âge, l’âge du soleil, est sur le point de s’embraser. Les pions sont en place, l’échiquier est posé, il ne reste plus qu’à avancer, ou trépasser.

opus 2 : Conquête (AN 153)