Au lendemain de la chute éclair du « contrat d’engagement » qui ne tint que deux jours, la chatellerie de Bélème se trouva de nouveau livrée aux manigances et aux ambitions. L’ancien châtelain illégitime Guernot, déjà autoproclamé libérateur, dut fuir après sa défaite devant la Légion elfique dépêchée depuis Port-Argent. Cette victoire éphémère laissa les portes de Bélème grandes ouvertes, et il fallut bien un dirigeant pour combler le vide. Ainsi, sous la pression des notables de la cité, appuyés par la Légion et par Haut-Rempart, Jack Reeves fut élu par le peuple. Mais l’ombre de Vauned plane, et plus d’un murmure court au sujet d’un pantin placé au sommet.
Dans cette atmosphère pesante, le Culte du Céleste, banni un temps, fait son retour sous l’égide de Port-Argent ; la tolérance religieuse demeure de rigueur grâce au décret d’hospitalité, mais les plaies de l’orgueil ne sont pas toutes refermées. La Légion elfique, quant à elle, s’est retranchée, ruminant l’usage de pouvoirs démoniaques qui aurait brisé les termes du traité initial. Unis derrière leur légat, les elfes observent d’un œil défiant les nouvelles alliances tissées autour de la ville.
Le Maelstrom, lui, accueille désormais Gualter Nomond, l’ancien Chatelain vaincu. Sous ses toits battus par les vents, les rumeurs d’un plan mystérieux enflent, nourries par la lueur étrange qui brillerait dans les yeux de Gualter. À leurs frontières, Haut-Rempart s’interroge : le noble à sa tête avait tenté de sceller une entente avec le Maelstrom, provoquant la colère d’une partie de sa cour, en particulier le prieuré dévoué au Céleste. Malgré ce climat incertain, Haut-Rempart érige patiemment une abbaye, respecte ses vœux de piété et d’alliance avec les elfes, tout en choisissant de ne pas exploiter l’arkhal découvert sur ses terres.
De leur côté, les défenseurs de la Forêt ont conclu un pacte avec les hommes-bêtes du Ka Lûa Ikongar : en échange du respect de la forêt, ces redoutables créatures profitent désormais d’armes de siège importées du Vieux Continent. Plus au sud, le Clan des Steppes maintient des relations cordiales avec Guernot avant sa destitution, tout en conservant des liens prudents avec les hommes-bêtes et les insectoïdes voisins.
Sur les hauteurs, la Tour de Narbogne s’est relevée de ses cendres après le renfort de plusieurs Magistères de Frayir pour remplacer les pertes malheureuses lors de l’insurrection de Guernot. Un nouveau recteur, Philastus, a été élu malgré le tumulte laissé par l’exécution sauvage de la Magistère « Tantine », dont beaucoup imputent la faute à la faction de la Forêt. Les étudiants ont entrepris de percer le secret du Monolithe. Ce dernier s’est fragilisé suite aux nombreux rituels qui se sont déroulés autour de lui, et une cassure nette est apparue dans la pierre noire, pour une raison encore mystérieuse à ce jour. Depuis cet accident, l’étrange magie qui ramenait les citoyens de Bélème à la vie est devenue chaotique.
Au même moment, la Nouvelle-Vry s’est réinventée en unissant ses forces avec la baronnie de Castebrie et des porteurs de Saint-Jean. Sous la houlette du baron Anthoine, elle se relève lentement de ses échecs passés et entend revendiquer sa place parmi les puissances d’Obeon. Avalon, de son côté, s’applique à calmer les ardeurs de certains de ses membres favorables à une alliance avec le Maelstrom ; la « Dame » s’étant manifestée pour rappeler à tous que la prudence est mère de sûreté.
Après toutes ces secousses, une trêve générale a bien été prononcée, mais voilà qu’on dit la colère des dieux sur le point de s’abattre : le Monolithe endommagé, les alliances vacillantes, les dieux offensés par ces actes jugés blasphématoires. Les vents se lèvent et chaque faction retient son souffle. Tandis que Bélème panse ses plaies et tente de se reconstruire sous le regard de Jack Reeves, chaque camp affûte secrètement ses armes.