Alors que la roche grise de l’Enclume, la série de montagnes au sud de Bélême, s’illuminait aux lueurs du début d’après-midi, les rayons du soleil avaient du mal à passer les feuilles encore humides de la forêt en contrebas. Malgré la fin du printemps, aucun animal ne pouvait être entendu à part quelques timides oiseaux. Tous fuyaient ce col d’où provenait ce bruit qui les effrayait. De là, plusieurs milliers de duergars, d’humains et d’elfes armés et disciplinés descendirent pour se former en 4 groupes d’environ mille personnes.
Erwin, à la vue de la forêt, sentit cette pression générale que tous avaient. Il savait qu’une fois l’armée avancée dans les bois, ils ne pourraient plus compter que sur eux-mêmes et leur foi en le Céleste.
Cela lui rappela la veille, alors que le campement était dans la montagne. Il avait vu Gudrune et Zakao revenir avec les espions et aller à la table de commandement. L’ingénieur n’étant pas convié à la table des stratèges, il passa au milieu des soldats. Chacun se prépara au futur combat à sa manière. Certains buvaient et chantaient tandis que d’autres méditaient silencieusement mais tous se préparaient à mourir. Erwin, lui, rejoignit ses frères de l’Égide pour faire leurs prières et invoquer le Céleste pour avoir son aide le lendemain.
Il vit deux escadrons partir dans les bois avant les autres, dirigés par Ash et Rauklam, les deux maîtres éclaireurs. Les deux éclaireurs devaient avoir reçu les informations sur les sorties de la colonie d’hommes-insectes. Pendant ce temps, les troupes restantes, dispersées en 4 groupes, suivaient chacune un commandant. Les troupes de sire Sifaka Tylézia et du maréchal Konrad Reichenau restèrent au centre avec principalement de l’infanterie tandis que celles du chevalier Bénédict de Fénada et du chevalier Max de Simillian se positionnèrent sur les flancs avec une plus grande concentration d’archers.
Alors que l’armée avançait dans la forêt, les groupes des flancs s’éloignèrent petit à petit du corps central pour finir par se disperser dans le bois tout autour d’eux. Les 2 groupes centraux continuèrent la marche, avançant tout droit vers leur objectif. Après une marche d’environ 3h, une clairière se dessina devant eux et au milieu d’elle, ce qui semble être une structure faite entièrement de terre et de bois. Cet édifice de plusieurs mètres de haut était, sans aucun doute possible, le terrier des hommes-insectes.
Cependant, un détail ne passa pas inaperçu pour Konrad : une odeur de fumée commençait à se faire sentir. Les unités de Justelame et du chevalier du Haut-Rempart étaient en train d’enfumer les galeries comme cela était prévu. Rapidement, le maréchal de l’Égide ordonna aux troupes de se mettre en position. Se positionnant devant la première ligne, il commença à crier pour que tous les soldats puissent l’entendre
“Ce n’est pas une bataille de territoires, c’est une guerre sainte ! Nous avons promis devant le Céleste de punir leurs affronts. Alors battez-vous avec toute l’ardeur de votre cœur, laissez votre foi guider vos pas et n’ayez pas peur. Le Céleste acceptera toutes les âmes qui ont combattu pour sa cause et jamais il ne nous abandonnera !”
À ce moment, un cor de guerre se fit entendre vers l’est, annonçant le début des hostilités. Les hommes-insectes n’allaient pas tarder à sortir de leur terrier. Rapidement, l’infanterie légère se positionna devant la sortie principale, formant une ligne de lances prêtes à empaler ceux qui sortiraient tandis que les archers se mettaient tout autour de la structure, empêchant les sorties secondaires d’être empruntées au prix de se faire cribler.
La bataille commença. D’un côté, les troupes du Haut-Rempart et d’un autre, les hommes-insectes qui sortaient pour ne pas être enfumés. Les vagues d’hommes-insectes mouraient les unes après les autres mais toujours en emportant des soldats avec eux. Plusieurs centaines d’hommes-insectes étaient déjà descendus mais ils continuaient d’arriver encore et encore, telle une marée de carapaces sombres.
Les lanciers tenaient bon mais ils commencèrent à s’épuiser. Les commandants s’en rendaient compte mais c’était impossible de changer les premières lignes pour d’autres plus fraîches sans perdre du terrain, ce qui briserait la formation tout entière. C’est pendant cet instant de réflexion que sortirent les guerriers hommes-insectes, des créatures d’environ 2m50 de haut, ressemblants à des scarabées géants sur 2 pattes. Ils chargèrent en travers de la fumée et brisèrent la formation en un rien de temps, brisant les lances sur leurs carapaces.
La panique se répandit chez les soldats humains et duergars alors que la ligne se brisait. Un repli se fit sonner mais la formation se transforma en véritable champ de bataille chaotique ou les deux armées se dispersaient dans la clairière.
Ces guerriers titanesques brisaient les boucliers de leurs mandibules alors que même les haches duergars semblaient inefficaces sur leurs chitines. Alors que l’un d’eux se dirigeait vers un groupe d’archers, il fut intercepté par Cellendhyll de Cortavar, la Bête du Haut-Rempart. Ce dernier se mit entre la créature et ses cibles, essayant de gagner du temps pour qu’ils continuent de tirer.
Les coups de Cellendhyll ne passèrent pas la carapace de son ennemi. La rapidité et l’agilité de ces créatures empêcha le combattant lourd de cibler ce qui semblait être des points faibles. Alors, il lâcha son épée et poussa un cri de guerre, provoquant la créature avant de lui charger dessus. D’un mouvement agile, Cellendhyll enfonça son bouclier dans les mandibules de l’homme-insecte , ce qui le sonna pendant un bref instant. Mais ce temps était suffisant pour que le combattant attrape de ses gantelets de fer les 2 bras armés de pinces de la créature.
Non loin de là, le regard de Kal avait été attiré par l’endroit du cri. Lorsqu’il vit Cellendhyll seul contre un de ces impitoyables guerriers, il chargea à son tour pour lui venir en aide. Ainsi, alors que la Bête du Haut-Rempart venait d’attraper la créature, Kal, arriva dans le dos de la créature.
De sa première hache, il passa le haut sous la carapace et appuya de tout son poids pour faire effet de levier, arrachant une partie de la carapace de la chair. L’ambidextre prit alors appui au sol et de sa seconde hache, commença à donner des coups depuis le bas, passant ainsi dans le creux créé par sa première hache.
Après plusieurs coups répétés, la créature tomba, se vidant de son sang foncé. Malgré cela, le guerrier homme-insecte avait eut le temps de se débarrasser du bouclier et avait enfoncé ses mandibules dans l’épaule de Cellendhyll, l’empêchant d’utiliser son bras droit mais avait également arraché la cotte de maille au niveau des côtes.
Lorsque la créature tomba au sol, les soldats aux alentours reprirent espoir et n’hésitèrent pas à charger ces hommes-insectes qui semblaient être invincibles tout en criant à la gloire du Haut-Rempart et du Céleste.
Peu après, les troupes de Justelame arrivèrent. Ils avaient fini d’enfumer et de boucher les galeries du flanc est. Ce renouveau permit aux survivants de se rassembler en une seule ligne, plus en retrait.
Pendant ce qui sembla être une éternité, la bataille se stoppa et les hommes-insectes arrêtèrent de sortir du nid. Ce qu’il restait là était les derniers survivants mais ils étaient encore debout et prêts à en découdre.
Alors que Justelame cria “Pour le Céleste” en menant cette charge, on entendit un “Pour les Ancêtres !” venant de derrière les hommes-insectes. Les duergars conduit par Max de Similian arrivèrent de l’autre côté de l’armée adverse. Agissant comme deux murs, les soldats du Haut-Rempart écrasèrent de leur foi et de leurs armes ces deux mille hommes-insectes survivants symbolisant l’alliance des cultes dans un objectif commun.
Une fois le restant décimé, l’adrénaline descendit et beaucoup de soldats tombèrent au sol, épuisés. Seuls les plus expérimentés purent tenir debout. Mais même eux n’attendaient qu’une seule chose pour tomber : que la victoire soit déclarée.
C’est alors que Bénédict regarda autour de lui. Le sol était jonché de milliers de corps d’hommes-insectes mais aussi plusieurs milliers d’elfes, de duergars, d’humains et des autres races présentes dans le Haut-Rempart. Il déclara “Je pense qu’on peut considérer ça comme une victoire”.